Depuis quelques années, la néo-zélandaise Flip Grater était dans nos «petits papiers», comme une artiste à suivre. L’écoute de son nouvel album a achevé de nous convaincre. Plus sombre, plus rugueux, Pigalle s’impose rapidement comme l’un des plus beaux disques de l’année 2014. Désormais installée à Paris, elle voulait un album qui serait «celui d’une trentenaire qui se parle à elle-même de son passé et de son avenir, des regrets, des souffrances, mais aussi des moments de joie». Enregistrée avec les contributions de Babx et de Poni Hoax, ses nouvelles compositions ne sont plus simplement de jolies comptines folk, mais de sombres et lentes ballades souvent vénéneuses, où même la douceur devient inquiétante. Quand la délicatesse des arrangements de cordes ou de cuivres vient souligner la lourdeur poisseuse des percussions, de la basse et de la guitare, la référence à la PJ Harvey des débuts s’impose comme une évidence.
La presse internationale n’est d’ailleurs pas en reste pour les comparaisons élogieuses : si Suzanne Vega, Feist et Fiona Apple sont régulièrement convoquées pour évoquer les climats de la jeune femme, «on pense à la Cat Power des débuts, à Hope Sandoval aussi pour ces atmosphères sombres d'où jaillissent quelques traits de lumière» (Télérama). Mais quelques morceaux de bravoure, tel l’incroyable Hide and Seek, sorte de ritournelle déglinguée, que ne renierait certainement pas Tom Waits, affirment surtout la singularité d’une artiste qui s’impose désormais comme l’une des grandes de la scène pop internationale. En formule trio, simplement accompagnée par une double basse et un violon, nous espérons qu’elle en fera la démonstration au Ciel, où l’on pourra effectivement la comparer à conditions égales avec quelques unes des références ci-dessus évoquées…

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