Klô Pelgag @ La Belle-Electrique

            Mais que s'est il passé en cette soirée du 3 Juin à la Belle Electrique de Grenoble ? Avec la venue de la Québecoise Klô Pelgag on pouvait s'attendre à tout. La jeune prodige de la Belle Province, en pleine tournée française pour son 2° album « L'étoile thoracique », est connue pour son univers barré et sa personnalité fantasque et l'on n'en attendait pas moins ce soir.

            Avec une petite cinquantaine de spectateurs dans une salle qui peut en contenir 900 on se demande déjà en arrivant si il va bien y avoir un concert, on vérifie la date, l'heure, on est surpris tout en se demandant comment c'est possible... Définitivement ce sera la soirée la plus intimiste auquel j'aurai assisté dans cette salle, partagé entre le sentiment du privilégié qui se voit offrir un spectacle privé dans des conditions optimums et  la presque gêne pour l'artiste qui va se produire devant une salle quasi-vide. Klô Pelgag rentre elle à 20h30 pétante sur scène, son costume rouge donnant le ton de son univers musical : coloré, ample jusqu'à l'extrême, peu enclin à suivre les codes tout en cachant habilement ce que l'on ne veut pas montrer tout de suite.

            L'audace de la jeune québecoise ne se limite pas à sa tenue de scène ce qui n'est pas la moindre de ses qualités : des paroles habitées, des images fortes, des mots qui s'enroulent à toute vitesse autour d' arpèges de piano virevoltants, des arrangements amples et inspirés au service de thèmes pas toujours aussi simples que ce que l'on imagine de prime abord. Il faut en avoir du culot pour parler de soi aussi pleinement sous une apparence souple et légère en ne cherchant pas à minimiser la profondeur des sentiments mais en les sublimant. Il faut surtout avoir un talent immense pour délivrer avec autant de facilité une performance de cette qualité. Le travail de la voix en solo ou en harmonie est maîtrisé de bout en bout, le trio de cordes amène une profondeur et une emphase qui fait mouche en live alors que la section rythmique amène cette pulsation que l'on n'attendait pas forcément dans un style aussi orchestré. La beauté de Klô Pelgag et de ses musiciens est d'imposer des arrangements complexes au bon moment pour se permettre de viser l'épure à d'autres. C'est d'un bon goût très sûr et la qualité des compositions et de l'orchestration prend ici tout son sens. On sent toute une culture classique mise au service d'une artiste qui ne l'est pas, elle, classique. Elle fait des blagues à ses compagnons de route, se lance dans des récits autobiographiques aux digressions perpétuelles, s'amuse de la faible audience s'attendant au départ à jouer dans un bar ou passe en planche à roulette pendant un titre. Son corps bouge sans cesse mimant les accentuations, s'étonnant d'un accord de piano, domptant le pied de micro ou jouant de la guitare en faisant des pointes. C'est une boule de sentiments contradictoires qui s'épanche avec l'extravagance des grands timides pendant 1h30 ce qui ne laisse pas de surprendre. Alors que le maigre public tente tant bien que mal de réchauffer l'atmosphère en redoublant d'enthousiasme, la jeune chanteuse semble faire comme si la salle était pleine et donne en retour beaucoup. Le rappel semble presque incongru tant les applaudissements et cris d'encouragement se perdent dans les moindre recoins de cette salle vide et c'est dans une ambiance mitigée et étrange que le concert se finit.

Et l'on se demande encore pourquoi seulement 50 personnes ce soir à Grenoble, pourquoi seulement  une poignée de spectateurs pour un spectacle aussi plein et singulier ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi... ? Ce qui est sûr c'est qu'il y avait au moins une poignée de personnes heureuses ce soir en sortant de la Belle Electrique et qu'au prochain passage de Klo Pelgag par chez nous elles répondront encore présente emmenant avec elles d'autres spectateurs pour avoir enfin une audience digne de ce nom pour cette artiste à suivre.

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